Baroque

Friday, August 18, 2006

baroque

Le baroque


Le mot « baroque » vient de la joaillerie : il était utilisé pour qualifier une perle irrégulière. Transposé en art — peinture, sculpture, ornementation —, en architecture, voire en musique et en littérature, l’adjectif vient à nommer toute forme « inégale », un peu « enlevée », toute en mouvement. Pour faire vite, on associerait la ligne courbe au baroque alors que la ligne droite caractériserait l’autre courant de l’époque : le classicisme. D’un côté les « formes contournées qui s’envolent », de l’autre les « formes stables ».

Au théâtre, cette distinction se fera entre, d’une part, les pièces qui recherchent les effets de surprise par l’intervention du merveilleux (avec l’aide d’une machinerie ingénieuse) et par toutes sortes de jeux de travestissement et de théâtre dans le théâtre, et, d’autre part, les pièces « bien faites », composées selon des règles rigoueuses et respectant la bienséance et le vraisemblable. Si le baroque et le classicisme co-existeront une bonne partie du siècle, on peut remarquer une certaine progression vers la rigueur en distinguant trois périodes : le baroque de 1598 à 1630 ; une « marche vers la régularité » de 1630 à 1661, avec Corneille et Molière ; pour arriver à la dramaturgie vraiment classique, de 1661 à 1680, avec les grandes œuvres comiques de Molière et les tragédies de Racine.

Le baroque est donc plutôt flamboyant. En fait, le courant est associé à la Contre-Réforme, ce mouvement religieux qui a voulu répondre au protestantisme naissant qui reprochait à l’Église son luxe. Alors que les dissidents enjoignaient tous les chrétiens de retrouver « le vrai message du Christ » dans la privation et la piété, le catholicisme triomphant a encouragé un art « digne de la grandeur de Dieu ». Afin de réanimer la ferveur des fidèles, cet art au service de Dieu a multiplié les effets de puissance ; l’objectif était de provoquer l’émotion. Ainsi, les peintures et l’ornementation des églises — chaires, statues, autels, coupoles et fresques — sont-ils devenus de véritables hymnes à la spendeur. Prolifération, exubérance, effets illusionnistes participent de cette rhétorique du spectacle sensée exalter la foi.

Né en Italie, le mouvement baroque s’étendra en Espagne (où le théâtre, d’ailleurs, sera plus baroque que classique), dans les Pays-bas catholiques, en Allemagne, en Autriche et même au Mexique. En France, il eut aussi, bien sûr, des adeptes, mais s’y manifesta très tôt la tendance contraire qui cherchait l’équilibre et la stabilité. En effet, si le courant baroque convenait à la période de crises et de mutation sous Louis XIII, le classicisme répondra mieux aux velléités d’ordre que nourissait Louis XIV. Mais les choses ne sont pas aussi simples, les deux « penchants », l’un pour l’exaltation l’autre, pour la mesure, ont trouvé leurs terrains d’expression.

Du côté des divertissements, le goût de la fête et de la fantaisie se manifeste à l’occasion des grandes journées organisées à Versailles où toute la cour assiste émerveillée aux spectacles de comédies-ballets (forme mixte où la collaboration entre le musicien Lully et le comédien Molière connaîtront de grands succès), aux « féeries » de toutes sortes ainsi qu’aux feux d’artifice grandioses.

Toutefois, lors d’une de ces fêtes, celle dite des Plaisirs de l’île enchantée, en 1664, Molière, désirant innover et, surtout, étant de plus en plus conscient des pouvoirs du théâtre, propose son Tartuffe. une pièce où il ridiculise un dévot. La pièce sera immédiatement condamnée par la Compagnie du Très Saint-Sacrement qui, soutenue par la Reine mère, réussira à la faire interdire. Molière, le comique, commence à pousser de plus enn plus loin ses caricatures qui en grincer plusieurs plutôt que rire.

Caractéristiques du baroque


Ce mouvement se caractérise par les prédominance du thème du déséquilibre en sculpture, en peinture, en littérature et en musique.

Ceci s'explique par les récentes découvertes de Copernic et de Galilée, qui contestent que la Terre soit le centre de l'univers et qui affirment qu'elle est ronde et qu'elle tourne autour du Soleil ; ces thèses contredisant l'idée couramment admise depuis des millénaires, une panique générale s'installe. On ne peut en effet avoir confiance en rien, même pas en la Terre que l'on a sous les pieds, tous les points de repères étant abolis. La meilleure représentation de cette idée est le groupe Apollon et Daphné du Bernin.

Les découvertes d'Ambroise Paré dans le domaine médical poussent à la réalisation d'œuvres exprimant la beauté musculaire du corps humain représenté nu.

En littérature, c'est le thème du double, du faux semblant qui prend sa place. Le thème de la chute est souvent évoqué, le goût du bizarre développé avec des fantômes, une obsession de la mort que l'on doit à la fin récente des guerres de religion en Europe.

Ces présentes guerres ayant tout dévasté, de grands investissements sont faits pour reconstruire les bâtiments où s'exprime avec puissance l'incertitude baroque au travers d'une surcharge décorative et d'un goût prononcé pour le gigantisme.

Les thèmes récurrents sont : la peur de la mort, le thème de l'eau courante signifiant le temps qui passe, mais aussi en lien avec la mort symbolisée par l'eau chez les Grecs, Romains et Celtes, la chute qui entraîne la mort, la métaphore des sables mouvants, les sabliers et le temps qui passe, les formes rondes en référence aux perles de forme irrégulière, les reflets et la référence au mythe antique de Narcisse, les mises en abyme.





La tragi-comédie

Genre fort populaire dans la première partie du siècle, la tragi-comédie, une forme hybride, comme son nom l’indique, emprunte aux auteurs latins qui y faisaient vivre des aventures comiques à des héros nobles ou à des dieux. Ce type de dramaturgie entraîne la mode des « pièces à machines » permettant l’apparition de nacelles, camouflées dans des nuages (cachant les fameuses machines) ou de dieux descendant du ciel. Corneille, pour son Andromède, en 1650, au Palais-Cardinal, par exemple, a eu recours aux savantes inventions du Vénitien Torelli) Des années 40 au années 70, les décors permettent toutes les illusions si chères à l’esprit baroque. Le genre se nourrit aux métamorphoses, au trompe-l’œil à tous les jeux d’apparence. Quand Corneille, dans L’Illusion comique, construit toute sa pièce sur l’illusion théâtrale, ou quand Molière fait parler une statue et s’ouvrir le sol pour laisser Don Juan tomber en enfer, ils sont en plein baroque.

La comédie

La comédie est le genre triomphant au XVIIe siècle. Les personnages, issus de la tradition italienne, sont bien connus : le veillard amoureux, le pédant, etc. Les pièces regorgent de rebondissements et le climat est à l’hilarité. Toutefois, Molière, qui fait ses débuts avec des farces et de telles comédies « légères », aiguisera son style au fil des ans et introduira graduellement la peinture sociale dans ses comédies.

Le genre prendra du « sérieux ». Molière, en fait, veut que la comédie soit aussi considérée comme du « grand théâtre » à l’instar de la tragédie. Il choisit ses sujets dans l’actualité : il ose parler des « précieuses », du mariage, de l’argent, de la bourgeoisie montante (Le Bourgeois gentilhomme), des conflits de génération. De plus, il attaque, dit-il, les « vices du siècle » : l’hypocrisie des dévots (Tartuffe), l’abus de pouvoir des pères, l’avarice (L’Avare), l’envie.
Ses comédies — de mœurs et de caractère — sont plus complexes que les comédies connues jusque-là tant sur le plan du contenu que sur celui de la forme. L’auteur « individualise » ses personnages et réussit de véritables portraits à la psychologie fine et juste (Dom Juan). Pour ce faire, il se doit de construire des histoires plus « serrées »., en se concentrant sur une seule intrigue. Ainsi en vient-il à transposer à la comédie les règles de la tragédie. Il écrit ses plus grandes comédies en vers et dévelope son action en cinq actes au lieu des trois habituellement jugés suffisants pour les comédies. Avec Molière, le genre prend, selon l’expression consacrée, ses « lettres de noblesse ». Dorénavant, la comédie aussi sera porteuse d’un « message ». Les caricatures de Molière dénoncent les excès en même temps que leur auteur cherche à insuffler à ses contemporains, par son théâtre, un « bon sens » modéré.

La tragédie

La tragédie, depuis les anciens, met en scène des personnages dignes, au discours noble, qui font face à un destin exceptionnel. Contrairement à la comédie qui connaît un dénouement heureux, la tragédie se temine toujours dans la mort. Au XVIIe siècle, Corneille, et encore plus Racine ont suivi les modèles que constituaient les auteurs latins et grecs (surtout Sénèque et Euripide) afin d’offrir à leur public des tragédies où allaient s’exprimer une certaine vision de l’homme. L’imitation, à cette époque, n’est pas mal vue : si les œuvres ont franchi les siècles, c’est signe de leur qualité et, surtout, de leur vérité. Ainsi Racine récrira-t-il les histoires de Britannicus, Bérénice ou Iphigénie.

En puisant leurs personnages dans la mythologie et la littérature antique, les auteurs classiques français nourrissent l’idée que l’homme est « éternel » et « immuable ». Il n’est pas nécessaire de les montrer dans un cadre contemporain. Les valeurs sont les mêmes de tout temps. Ainsi c’est l’Homme qui intéresse et non des individus.

Chez Corneille, les héros sont appelés à défier le malheur, chez Racine, ils croulent sous le poids de la fatalité. Dans Phèdre comme dans Andromaque, Racine peint la dévastation qu’entraînent les passions. Chez lui, l l’amour ne peut être que souffrance ainsi se dégage une vision tout à fait sombre de l’existence.

L’esprit classique, prônant l’ordre, s’est le mieux manifesté dans les tragédies qui, sur le plan formel, obéissaient à des lois strictes. Elles devaient être écrites en vers, adopter un niveau de langue élevé, comporter cinq actes et respecter la bienséance, entendons qu’il ne devait y avoir aucune bataille ni mort violente en scène. Le respect des lois du genre — fin heureuse pour la comédie et mort pour la tragédie — tout comme la règle des trois unités — d’action, de temps, de lieu — étaient impératives. Quiconque ne se conformait pas à ce code risquait de se voir réprimander par l’Académie. Corneille en sut quelque chose lorsque se clencha une véritable querelle autour du Cid, tragédie qui finit bien…



La littérature baroque s'inscrit dans un véritable courant artistique baroque tout entier, il y a la peinture baroque, la sculpture baroque, la décoration baroque... Le baroque se caractèrise par un luxe de détails, de richesse... Le baroque laisse souvent libre cours à une sensibilité fantasque et tourmentée, hantée par le pessimisme chrétien (par exemple Jean de Sponde). Les couleurs baroques sont vives, les actions sont violentes. Les plus fameux écrivains baroques sont William Sheakespeare en Angleterre et Pierre Corneille en France. En Espagne, il est représenté notamment par le gongorisme. Le théatre baroque a pour caractéristiques :

1. Sa violence. Bien que la violence d'une uvre soit une appréciation personnelle, le baroque, comparé avec l'autre mouvement littéraire de se siècle, le classicisme, peut être considéré comme violent. On y voit des meurtres, des suicides, des duels sur scène.

2. Son attrait pour l'illusion. Le monde baroque est constamment remis en question. La vérité est continuellement cachée. Le personnage se trompe sur les autres, mais aussi sur lui-même.
Mais le baroque, c'est aussi la poésie... s'inspirant de Pétrarque, les poètes baroques ne sont plus Pétrarquistes, comme les humanistes, mais néo-pétrarquistes. La poésie baroque se caractérise
par :

1. Les thèmes pessimistes. Le monde néo-pétrarquiste est souvent noir.

2. L'analyse de la passion. Les sentiments sont explorés, expliqués, décrits, analysés...

3. L'intervention du mythe. Méduse, Prométhée, Médée reviennent souvent dans les uvres baroques...


C'est un mouvement qui dominera l'Europe du XVIIe siècle. Peu violent en France, il se développe sous l'influence avant tout de l'Italie et représente la tendance principale des années 1598 - 1630. Le baroque est né en réaction contre l'austérité protestante. Il est attaché à une conception d'un monde instable, d'un monde en transformation incessante. Ce courant est avide de liberté et ouvert à la complexité de la vie. En littérature il comporte une multitude de tendances contradictoires mais peut se concentrer autour de quelques principes communs: goût de la sensualité, des extrêmes, de l'ornementation, du langage à effets. Les genres privilégiés du baroque sont la poésie, le théâtre, le roman.

Durant la période de transition qui va de 1630 à 1661, le baroque, bien que peu à peu supplanté déjà par le classicisme, continue à jouer son rôle. Il est présent dans le courant précieux, le courant burlesque et le courant libertin. Cependant ces trois courants ne se confondent pas avec le baroque mais chacun développe, de façon privilégiée, un de ses aspects.

Auteurs et uvres

Le baroque

1) Agrippa d'Aubigné 2 ) Calderon de la Barca 3) Cervantès ( Don Quichotte ) 4) Luis de Gongora y Argote 5 ) Lopé de Vega 6) William Sheakespeare ( Roméo et Juliette ) ( Hamlet ) 7) Pierre Corneille ( La Comédie humaine) ( L'illusion comique ) 9) Giambattista Marino


1598-1630 : Le baroque dominé

Les caractéristiques du baroque

L'une des grandes idées du baroque est que le monde est en train de se construire. Rien n'est définitif. L'univers n'est pas donné une fois pour toutes, mais est sans cesse en évolution. Le baroque refuse le figé. Il est convaincu que tout se modifie, que tout se transforme, que tout se change. Il est, par exemple, très sensible à la nature, parce que, pour lui, les modifications qu'elle subit, la succession des saisons, sont des signes palpables de ces transformations incessantes.

L'homme baroque refuse de s'enfermer à l'intérieur de lui-même. Il est largement ouvert sur l'extérieur. Il aspire à s'emparer de toutes les expériences qui s'offrent à lui, à les utiliser pour son épanouissement comme remèdes à l'aliénation. C'est pourquoi les romans de l'époque sont emplis d'événements et se déroulent dans des lieux multiples et divers.

Le baroque rejette l'absolu : il ne croit pas en des vérités définitives, mais pense au contraire que tout relève des apparences. Ce qui compte pour lui, n'est pas ce qui est, mais ce qui paraît être.

Le goût de l'ornement, voire de la surcharge, l'attirance pour le mouve ment et pour la ligne courbe, le culte du lyrisme et du pathétique, la recherche du concret manifeste dans l'emploi des images autant de traits qui donnent à l'expression baroque une grande sensualité.
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Les origines du mot « baroque » sont incertaines. Il proviendrait peut-être du portugais barrocco, qui signifie « perle de forme irrégulière ». Dès la fin du XVIIIe siècle, le terme « baroque » entre dans la terminologie des critiques d’art pour désigner des formes brisées s’opposant à la proportionnalité renaissante (voir Renaissance), comme aux normes antiques reprises par la tendance dite « classique » de la fin du XVIIe siècle, à savoir proportion, harmonie, équilibre et symétrie. Certains historiens d’art, comme Jakob Burckahrdt, ont considéré le baroque comme l’expression décadente de l’art renaissant, jusqu’à Heinrich Wölfflin, son disciple, qui a constaté le premier, dans ses Principes fondamentaux de l’histoire de l’art (1915), les différences entre l’art du XVIe siècle et celui du XVIIe siècle, sans toutefois pouvoir catégoriser ces changements.

L’art baroque comprend de nombreuses distinctions régionales et recouvre des réalités sociales diverses. L’historiographie récente le reconsidère en l’abordant comme un outil d’expression formel. Elle associe l’art baroque et l’art classique en faisant de la première forme expressive le refoulé de la seconde, et catégorise le tout par le terme de « baroque ». Ainsi, le baroque apparaît comme une relation complexe d’association / répulsion de deux contraires, relation qui se fonde sur un principe dit d’ordre convergent. On opérera un sous-classement ; ainsi, pour définir le baroque allant de 1590 à 1650, parlera-t-on de « plein-baroque » ou de « baroque primitif », et de « classicisme » pour désigner le baroque des années 1650-1750.

Les principaux chefs de file du mouvement baroque sont Rembrandt (Hollande), Rubens (Flandres) ou encore Andrea Pozzo (Italie) sans oublier Vermeer même si ce dernier est parfois classé dans les artistes « classiques » par la tradition .

LA MUSIQUE BAROQUE

Dans l'histoire de la musique, la période dite baroque s'étend de 1600 - la fin de la Renaissance - à 1750, date de la mort de Johann Sebastian Bach. Le mot "baroque" est apparu pour la première fois dans des ouvrages de musicologie du début du 20e siècle. Pourtant, les musicologues ne sont pas tous d'accord quant à l'origine de ce mot. Les uns croient pouvoir retrouver son étymologie dans le mot portugais barroco, signifiant une perle de forme irrégulière, d'autres, à l'italien barocco, signifiant "bizarre" ou "étrange". Mais pourquoi une perle irrégulière ? Pourquoi bizarre ? Au contraire, nos oreilles du 21e siècle croient déceler, dans les œuvres de cette période, des formes bien structurées, équilibrées, comportant des tonalités précises, des harmonies régulières, formant une fondation musicale solide pour la future construction de la musique classique et romantique. Irrégulière, la musique baroque ?


De la musique vocale…

Dans les chants polyphoniques de la Renaissance, toutes les voix sont égales - d'une même importance. Elles se combinent dans ce qui est finalement une superposition de mélodies. L'époque baroque verra une évolution vers la monodie et une préférence pour les voix extrêmes : ce sera la voix de dessus qui se chargera de la mélodie. C'est ce qui permettra la naissance des grandes formes dramatiques l'opéra, l'oratorio, et la cantate. Cette nouvelle musique, qui exprime un goût pour le faste, le monumental, le décoratif, est aussi celle des contrastes et des alternances : des scènes dramatiques sont suivies de danses divertissantes, des récitatifs déclamés s'entourent d'airs chantés, des mouvements vifs voisinent avec d'autres très lents, des modulations commencent à se faire d'une tonalité vers une autre.

A l'époque de la Renaissance, la musique est modale. Chaque mode (il y en a huit) détermine les intervalles entre les notes de la gamme utilisée dans tel ou tel morceau. Au baroque arrive l'affirmation de la tonalité : les douze demi-tons qui constituent une gamme sont organisés d'une manière hiérarchique autour d'un ton principal de référence, la tonique, ou la première note de la gamme. Le système tonal ne compte plus que deux modes : le majeur et le mineur.

A la Renaissance, l'intelligibilité des textes chantés a moins d'importance que la musique, où se dessinent les complexités du contrepoint. A l'époque baroque, le texte est roi et tous les moyens musicaux disponibles sont utilisés pour l'illustrer. Le choix des instruments est arrêté en fonction du genre de texte qu'ils doivent accompagner.

L'ambitus, ou l'écart entre les graves et les aigus contenus dans une œuvre, s'élargit et devient l'affaire de virtuoses. L'utilisation de plus en plus fréquente des castrats pour la musique profane permet de pousser cette virtuosité à des sommets jamais atteints.

…vers la musique instrumentale

Il n'existe pas, à la Renaissance, de langage musical spécifique à la voix ou aux différents instruments. Le compositeur indique souvent que son œuvre est "pour voix ou instruments" - même si la partition ne contient pas de texte. A l'époque baroque se développe un langage spécifique à chaque instrument : on ne compose pas de la même manière pour la voix, le violon, le clavecin, la trompette… Les ultimes possibilités de chaque instrument, ainsi que de la voix humaine, sont exploitées.

C'est donc à cette époque que la musique purement instrumentale prend son essor. Plusieurs grandes formes musicales se mettent alors en place : la suite, la sonate, le concerto. Dans toutes ces formes, on remarque l'indépendance de la mélodie, rendue possible par la basse continue, une ligne de basse qui soutient les parties hautes tout en donnant de la profondeur à l'œuvre. Cette nouvelle méthode de répartition - une partie basse en accords qui accompagne, mais n'imite pas, la mélodie - ouvrira un champ infini de possibilités. Elle permettra le développement de la virtuosité, si différente de l'expression collective, qui est souvent limitée par les tessitures des choristes ou par le manque de sonorité de certains instruments. On assiste à l'apparition de la prééminence des instruments au son brillant (les violons, les instruments à vent), voire à leur invention (le pianoforte, la clarinette), et à l'éventuel déclin d'autres, au son plus voilé (le luth, la viole de gambe, le clavecin). La construction de salles de concert publiques favorise également les instruments au son vif et porteur.

Donc, notre perle irrégulière l'est devenue à cause des maintes inventions et originalités qui l'ont refaçonnée. L'individualisation des voix et des instruments, les contrastes marqués de tempo et de tonalités, la libération de la mélodie : ces concepts sont loin de pouvoir être symbolisés par quelque chose de parfaitement rond et lisse.

LES TROIS PERIODES DU BAROQUE
L'évolution musicale de l'ère baroque peut être divisée en trois phases, parfois appelées baroque ancien, baroque moyen et baroque tardif, qui correspondent chacune à une période d'environ cinquante ans.

Le Baroque ancien (1600-1650)

C'est à Florence, à la fin du 16e siècle, que la Camerata fiorentina - un regroupement littéraire et musical - pose les jalons de l'opéra, un drame musical chanté. Les membres de cette communauté veulent faire revivre le théâtre classique grec et les émotions suscitées par lui, en utilisant la musique et le pouvoir expressif de la voix humaine.

L'opéra se développe dans différentes villes après sa naissance à Florence et notamment à Venise, Naples et Rome. A Venise, vers 1630, l'ouverture de théâtres lyriques permanents, placés sous le patronage des plus riches familles mais accessibles à tous, va faciliter la production d'opéras, qui demandent une mise en scène importante et beaucoup de main-d'œuvre, ainsi que l'engagement de nombreux musiciens. L'opéra commence à se distinguer en deux genres : l'opéra seria (opéra sérieux) qui aborde des sujets dramatiques puisés dans la mythologique grecque, et l'opéra buffa, dont les personnages sont empruntés à la Commedia dell'Arte.

Claudio Monteverdi (1567-1643) est connu comme le "père" de l'opéra (quoique le compositeur Jacopo Peri (1561-1633) ait déjà produit son Euridice en 1600), et c'est bien à lui et à ses œuvres monumentales - L'Orféo de 1607, l'Arianna de 1608, entre autres - qu'on doit l'essor de ce genre. Il donne à l'opéra sa cohérence artistique, en réunissant une puissante déclamation théâtrale à des effets d'orchestre marquants, pour obtenir ce qu'il appelle le stile concitato, ou style agité.

D'autres compositeurs importants de cette période sont Girolamo Frescobaldi (1583-1643) et Pier Francesco Cavalli (1602-1676) en Italie, Johann Jacob Froberger (1616-1667) et Heinrich Schütz (1585-1672) en Allemagne, John Dowland (1563-1626) en Angleterre et Guillaume Bouzignac (1590?-1643) en France.

Le Baroque moyen (1650-1700)

C'est en Italie, dans la deuxième partie du 17e siècle, que se développe la musique à cordes. Des maîtres luthiers comme Stradivarius, Amati, ou la famille des Guarneri, font de cette période l'âge d'or du violon. Un vrai style de composition spécifique à cette famille d'instruments se développe. Arcangelo Corelli (1653-1713), violoniste, chef d'orchestre et compositeur, enchante son monde avec ses sonates à trois pour deux violons et basse continue, comme il le fera encore au début du 18e avec ses concerti grossi.

La diffusion de ce nouveau style italien est rapide et considérable. Elle est due en partie à l'émigration des musiciens italiens, qui apportent le style baroque en Allemagne, puis en Angleterre, mais aussi au développement de l'édition musicale ; Venise, Amsterdam et ensuite Londres en deviennent des centres importants. La popularité des œuvres italiennes est telle que l'on choisit cette langue pour désigner, dans tous les pays, les tempos et les nuances de la musique.

Comme compositeurs qui ont fleuri dans d'autres pays d'Europe pendant cette période, citons Henry Purcell (1659-1695), John Blow (1649-1708) et Matthew Locke (1621-1677) en Angleterre, Louis Couperin (1626-1661), Jean-Baptiste Lully (1632-1687) et Marc Antoine Charpentier (1634-1704) en France, Johann Pachelbel (1653-1706) et Nikolaus Bruhns (1665-1697) en Allemagne, Gaspar Sanz (1640-1710) en Espagne.

Le Baroque tardif (1700-1750)
Le 18e siècle voit venir le règne des castrats, qui deviennent de véritables stars, comme Nicolini, Senesino ou Farinelli. En effet, l'opéra italien évolue vers des styles plus éclatants, plus expressifs, qui ont besoin de brillants acteurs-chanteurs pour les interpréter. Antonio Vivaldi (1678-1742), le "prêtre roux", connu aujourd'hui plus pour ses nombreux concertos que pour sa musique vocale, compose aussi de nombreux opéras, ainsi que ses compatriotes Alessandro Scarlatti (1660-1725) et Giovanni Bononcini (1670-1747)

Mais cette période est incontestablement dominée par deux compositeurs venus d'Allemagne : Johann Sebastian Bach (1685-1750) et Georg Friedrich Haendel (1685-1759). Tous deux sont célèbres comme organistes et clavecinistes. En tant que compositeurs, ils font évoluer quasiment tous les genres majeurs de la période. Ils représentent deux figures typiques de musiciens baroques : Bach est maître de chapelle travaillant pour la cour ou la ville, et Haendel, compositeur de théâtre montant lui-même des entreprises commerciales à Londres.

Dans ses cantates sacrées et ses Passions, Bach allie le style vocal italien à la gravité allemande ; ses suites pour clavier réussissent l'amalgame avec le style français. Fasciné par les possibilités intellectuelles et mathématiques de la fugue, il porte cet art contrapuntique à une nouvelle perfection. Haendel, maître de chapelle sous l'électeur Georges Louis de Hanovre, suit celui-ci à Londres en 1714 au moment de son héritage de la couronne d'Angleterre (il devient le roi George I). Le jeune compositeur allemand, anglais d'adoption, préfère, lui, l'opéra italien. Il élabore aussi l'oratorio anglais (sorte d'opéra sans jeu dramatique).

Cette dernière période voit l'emphase sur le drame diminuer au profit de la musique ; la basse continue n'est plus indispensable. Au début du 18e siècle, le facteur de clavecin Bartolomeo Cristofori fabrique le premier pianoforte. A partir de ce moment, la musique baroque prend définitivement son élan vers la période classique.


Aux fans du baroque, présents et futurs


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